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Les kamikazes sociaux du 21e siècle et les chemins de l’espoir. Printable Version PRINTABLE VERSION
by Youths Ahead!, Cameroon Jan 13, 2008
Media , Human Rights , Peace & Conflict   Opinions
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Ils sont des milliers chaque année à s’échouer sur les plages blanches de l’autre coté de la mer rouge, à défier les murs de fer barbelé couvrant sur les frontières occidentales. Ils sont des centaines chaque jour à tenter l’aventure de leur vie en quittant leur misère pour aller se faire esclave d’une réalité plus cruelle, violemment impitoyable. Ils sont jeunes et désespérés, venant de tous les coins du continent noir, qui n’a jamais aussi bien porté son nom. De Soweto à Lagos en passant par Bamako, ils ont décidé d’aller à la poursuite du bonheur. Qui sont-ils donc ces nomades de la souffrance humaine ? Des jeunes gens, plein de vie et le regard endurci, souvent ravagés par la violence, la destruction et le désespoir. Ils traversent comme des caravanes fantômes les déserts les plus rudes, jouant au jeu du cache-cache avec les gardes frontalières de nos pays. En 2006, l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM) a dénombré plus de 27 000 migrants irréguliers quittant les côtes de l’Afrique de l’Ouest pour l’Occident et ses illusions. Un chiffre en augmentation en 2007 qui reflète l’ampleur du phénomène et dont le constat interpelle les gouvernements africains, incapables jusqu’ici d’y apporter des solutions concrètes.

L’Afrique se vide de ses enfants, de sa force et son avenir semble lui échapper comme si elle n’a toujours été qu’une mère indigne, cocufiée et abusée par ses nombreux amants. Les jeunes africains ont des désirs de partir, à tout prix, qu’importent les risques. Quels risques ? Les 500 morts repêchés par les autorités espagnoles en 2006 au large des Canaries, ces candidats à l’immigration dérivant sur des navires de fortune, tués par le froid, la déshydratation, l’appât du gain des passeurs ou par les requins. Des risques négligeables pour ces amis qui prennent tous les jours la route du non-retour, car comme ils le disent si bien « le pire, c’est rester ici ». Une expression en wolof illustre froidement cet état d’esprit « Barça mba Barzakh » ou « Barcelone ou mourir ». C’est dire leur détermination à fuir l’enfer dans lequel ils ont essayé, en vain, de survivre. Quand on habite le même ghetto depuis sa naissance, que l’on n’a pas les moyens de poursuivre une scolarité de base normale, qu’il faut marcher des kilomètres pour trouver un peu d’eau potable et que le moindre bourdonnement démocratique appelle une répression sanglante, les existences que l’on promet à chaque conférence internationale et à chaque plan national, sont trop étroites pour les rêves de réussite sociale.

Tout le monde le sait, mais on s’efforce de l’ignorer, l’ascenseur social en Afrique est resté bloqué, pour la plupart des cas, dans les hautes sphères. Et pour la jeunesse minée par le sous-emploi et ses vices, les guerres, le salut vient d’ailleurs. Comment ne pas comprendre ceux qui s’en vont chercher une meilleure vie dans ces contrées où tout peut être possible à force de travail et d’acharnement ? Peut-on leur reprocher de vouloir connaître le rêve yankee, de goûter à la liberté française, de jouir de la méritocratie anglaise et d’incarner le dynamisme allemand ? Tandis qu’à Ndjamena résonnent les coups de fusil, qu’à Mogadiscio les bidasses font régner la terreur et qu’à Abidjan tout est dévasté. La jeunesse africaine est en quête de repères. Elle s’identifie aux modèles importés de réussite et exige de pouvoir en faire de même. Obnubilés pour certains par le clinquant cliché de l’occident-or, conscients des réalités pour d’autres, les jeunes africains migrants, clandestinement, sont porteurs des espoirs et des espérances de leurs familles. Ce sont les kamikazes sociaux de ce siècle qui vont au prix de leur propre vie accroché une promesse d’avenir. Au Sénégal d’après des analyses du Fond Monétaire International (FMI), les transferts de fonds réalisés par les émigrés clandestins au bénéfice de leurs familles, restées surplace, représentent près de 15 pour cent du PIB - produit intérieur brut - du pays. C’est fort de ce constat que Laurent de Boeck, représentant régional de l’OIM a déclaré que : « très peu de mesures sont prises pour arrêter l’immigration irrégulière parce qu’elle génère bien plus de fonds que l’aide au développement ». En outre, à l’instar de Yaoundé, l’influence culturelle et artistique de cette « diaspora » est considérable au point de faire oublier et taire les critiques les plus acerbes des ONGs locales de lutte contre l’immigration clandestine. C’est ainsi qu’immigré clandestin hier, un frère ou une sœur s’érige aujourd’hui en idole des jeunes. Toutes les voies menant finalement à Rome.

La gestion calamiteuse de la crise économique de 1973 par la majorité des pays africains, a eu un impact désastreux sur l’ensemble du tissu économique, social et politique du continent. Déchirée par des conflits armés fratricides et obligée de se plier aux plans d’austérité des institutions de Bretton Woods, l’Afrique a plongé dans la misère et la pauvreté faisant ressurgir des maux jusque là sous contrôle tels que la corruption, le clientélisme, le conservatisme politique et le réflexe ethnique. Du même coup, le niveau de vie est devenu moins important, les zones urbains se sont 'ghettoïsés' littéralement, le chômage a dépassé tout entendement et l’insécurité sociale s’est imposée comme étant la préoccupation majeure des jeunes africains. Plus qu’une hantise, cette insécurité s’est heurtée au sentiment d’inertie et de marginalisation de la part des gouvernants et de la société civile. D’où la forte tendance à l’expatriation par de voies tortueuses et illégales.





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